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2ème dimanche de l'Avent C

 Mettons-nous en  présence de Dieu : Dieu, viens à mon aide ;  Seigneur, à notre secours !

 L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en 
Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, 
Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis; et tout être vivant verra le salut de Dieu.  

Vous le savez sans doute, c’est la troisième fois que nous nous trouvons, dans la Bible, auprès de Jourdain.
Rappelez-vous : après avoir quitté l’Égypte sous la houlette de Moïse, après avoir traversé le désert pendant 40 ans, c’est avec Josué (même prénom que Jésus, en Hébreu) ; c’est avec Josué – Moïse vient de mourir – que le Peuple va traverser le Jourdain pour entrer en Terre Promise.  Ils ont quitté la mort, pour entrer dans la vie ; l’esclavage pour entrer dans le salut.  Mais, vous le savez bien aussi, très vite, ce peuple qui avait quitté la mort va y retomber, en quelque sorte, par le péché.
Deuxième fois.  Le peuple, en 587, va être déporté à Babylone et le Temple de Jérusalem est détruit.  Encore la mort et l’esclavage …  Puis vient Baruch, que nous avons entendu dans la première lecture.  Baruch leur dit : « Tout homme verra le salut de Dieu ».  Mais, rebelote, le Peuple revient d’exil et replonge dans le péché … et aussi, bientôt, dans l’occupation du pays par des forces étrangères.
Et nous voici au troisième Exode que Jean annonce, alors que de nouveau le Peuple est dans la mort, vivant dans un pays occupé par les Romains.

Mais cette fois-ci : changement radical !  Il ne s’agit plus de sortir d’un pays étranger, hostile, mortifère … mais ce nouvel exode se situe au niveau du cœur.  Non pas sortir de soi, mais faire sortir de soi le péché et le mal, la mort et les ténèbres, pour pouvoir rentrer en soi, là où habite Dieu.  Et vous le savez bien, c’est une tentation immense de se dire que le meilleur est ailleurs.  C’est l’éternelle image de la vache qui, par-delà les barbelés va brouter l’herbe dans la prairie voisine.  C’est une grande tentation de croire que le Mal est en dehors de moi (les réfugiés, le réchauffement climatique, la crise) plutôt que de voir que le Mal est d’abord en moi (je juge les réfugiés, je ne respecte pas la création … et j’en passe …).
C’est donc notre premier travail : déblayer mon moi profond, mon moi intérieur.  La pelleteuse doit d’abord agir en moi.  Évidemment, ça aura pour conséquence d’agir en-dehors de moi.  Mais je ne peux le faire qu’en commençant en moi : l’éternelle histoire de la paille et de la poutre …

Deux. Si nous faisons uniquement cela, nous risquons de tomber dans un moralisme desséchant …  Pire encore, nous risquerions de croire que c’est nous qui allons nous sauver ; que c’est grâce à nous que le Seigneur vient à Noël, c’est-à-dire, chaque jour dans notre vie.  Oh la la … on est mal barre, comme disent les jeunes …  Avec Jean, il y a un grand changement : ce n’est plus le salut que nous attendons, mais le Sauveur … et c’est très différent.  Le Père n’a pas attendu que le Peuple Juif vive un bon Avent pour envoyer son Fils dans le monde …  Non, on est dans l’ordre de la gratuité absolue.  Et, en plus, si nous disons que nous devons préparer le chemin du Seigneur – et c’est vrai – en même temps, nous disons que le Seigneur lui-même prépare son chemin.  Un peu comme quand le tunnel sous Cointe a été creusé : on a creusé des deux côtés à la fois pour se retrouver au milieu, en-dessous de Cointe.  Mais ici, il y a une différence fondamentale : c’est que le Seigneur creuse plus vite que nous ; il a fait le maximum du travail, en quittant l’éternité pour venir dans notre temps, en quittant la plénitude de l’Amour pour venir dans un monde où les ténèbres règnent.  Il a fait tout le travail pour venir sur terre ; mais le seul travail qu’il ne peut pas faire, c’est de venir dans nos cœurs.  Ça, c’est notre boulot.  Il ne force pas l’entrée de nos vies : il n’y a que nous qui pouvons déblayer nos cœurs.

Et trois, enfin.  C’est le Peuple Juif qui a été sauvé du pays d’Égypte ; c’est encore le Peuple Juif, seul, qui a été sauvé de l’emprise de Babylone.  Désormais, changement de cap, vous l’avez entendu : « tout homme verra le salut de Dieu ; tout homme verra le Sauveur du Monde ».  Un vieil adage théologique dit : « Homo, capax Dei » - l’homme est capable de Dieu -  Notre foi nous dit que tous les habitants de la terre sont capables d’accueillir Dieu ; il Vient, en Jésus, pour le monde entier, quels que soient sa race, sa religion, sa culture, son anticléricalisme même … Waouuuuuw.  Nous avons tous entendu cette phrase : « Hors de l’Église, pas de salut ! ».  C’est une aberration, si l’on comprend par Église, les chrétiens, voire même les catholiques.  Mais on a fait dire à cet adage autre chose que ce qu’il voulait dire.  Parce que, depuis Vatican II, on nous dit que l’Église est aussi présente dans les autres religions et même chez les athées.  Alors, oui, on comprend cette phrase : « Par Jésus, qui habite l’Église qu’il a fondée, désormais, il est là pour le monde entier ».  Avouons que cela change notre regard sur les autres et surtout sur certains autres.  « Tu es capable de Dieu, tu peux être sauvé par Jésus. »  Alors, quelle joie pour nous de préparer son chemin.  Amen.

 Seigneur, revêts de joie ton Église. Qu’elle témoigne avec courage et créativité de la Bonne Nouvelle à ceux qui n’osent plus espérer, nous t’en supplions. 

Entends nos appels et sauve-nous !

Seigneur, donne ta lumière à tous ceux qui exercent des responsabilités politiques. Qu’ils ne cherchent pas leur intérêt mais qu’ils donnent la priorité aux plus pauvres, nous t’en supplions. 

Seigneur, éloigne des personnes en souffrance la tentation de l’isolement et du désespoir. Montre-leur un chemin d’avenir, une espérance nouvelle, nous t’en supplions. 

Seigneur, accompagne notre assemblée en marche vers la paix et 
la lumière de la crèche. Que le temps de l’Avent régénère en nos cœurs l’amour envers nos frères, nous t’en supplions. 

Tournons nos regards vers le Père qui a créé ce monde ; monde que nous déréglons si souvent en ne le respectant pas : Notre Père …

Et que Marie, la Vierge des Pauvres, Notre-Dame des sinistrés, soit aujourd’hui encore source de compassion : Je vous salue Marie …
Quels sont les obstacles que je découvre en moi, autour de moi, que je pourrais relever pour voir le Seigneur ?
Comment puis-je revenir à la source de ma vocation chrétienne, l’Évangile, qui me donne de vivre de Jésus plus intensément ?

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