5ème dimanche de carême C
Etonnant quand même … D’après mes informations, il faut être deux pour commettre un adultère. Et pourtant, Il n’y a qu’une seule personne qui peut être, qui doit être condamnée : une femme. Mais, au fond, s’ils étaient deux ? Il n’y a pas qu’une femme, il y a aussi un homme dans cet histoire : Jésus ! Car Jésus aussi, risque, doit être condamné : S’il condamne la femme, ses adversaires peuvent l’accuser de désobéissance devant les autorités romaines ; ce sont les seules qui avaient le droit d’infliger la peine capitale. S’il lui pardonne, voilà qu’il ose transgresser la Loi. Cela ne sera-t-il pas aussi l’occasion pour ses adversaires de déjà crier, comme ils le feront à la passion : « A mort ! Cet homme mérite la mort ! » Nous l’avons entendu, ils ne le feront pas aujourd’hui, mais Jésus ne perd rien pour attendre, nous l’entendrons dimanche prochain. Déjà se profile le mystère de vie et de mort, de passion et de résurrection.
Que fait Jésus ? Au lieu de répondre tout de suite, il fait deux choses. Tout d’abord, il se baisse ; il s’abaisse. Et ce n’est pas la seule fois. Il l’a fait en devenant chair de notre chair la nuit de Noël ; il le fera le Jeudi-Saint en lavant les pieds de ses disciples ; il le fait aujourd’hui, se mettant au même niveau que la femme. Il ne reste pas au niveau de accusateurs, mais bien de l’accusée. Il ne nous regarde jamais d’en-haut, mais toujours d’en-bas. C’est ce qui fera dire à Paul cette phrase incroyable : « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. » Dieu, en Jésus, descend pour nous accrocher à lui et nous remettre debout, vivant, ressuscité avec lui. Il le fera aussi le Samedi-Saint, en descendant au séjour des morts chercher tous ceux qui étaient dans l’ombre de la mort.
Ensuite, il va écrire. En 1950, Pierre Dac inventait le mot Schmilblick, vous vous en souvenez sûrement pour décrire un objet totalement inutile. Ne sommes-nous pas devant un Schmilblick ? A quoi ça sert d’écrire sur le sol, d’autant qu’on ne saura jamais ce qui a été écrit ou dessiné. Menfin, Jésus … Dieu n’écrit pas souvent. Mais, rappelez-vous, il avait écrit sur des pierres les commandements au Mont Sinaï. L’Exode dit : « elles étaient l’œuvre de Dieu, et l’écriture, c’était l’écriture de Dieu, gravée sur ces tables. » C’était du solide, ces tables : de la pierre … mais voyant le peuple qui a fait le veau d’or, Moïse va briser ces tables. Ici, Jésus écrit comme une nouvelle Loi ; mais il l’écrit sur de la terre. Mais nous sommes au Temple et le temple est pavé. Il y a donc une symbolique. La terre, ça ne tient pas la route ; un coup de vent et tout s’efface. Et c’est bien normal, car cette nouvelle Loi – on l’a compris, la Loi d’amour et de miséricorde – c’est dans le cœur de l’homme qu’elle doit s’écrire. Paul vient de dire à la communauté de Philippes sa joie « d’être reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de celle qui vient de la foi au Christ ».
Et voilà qu’ils s’en vont les uns après les autres. Par honte ? Et si c’était justement parce qu’il y a eu un coup de vent, un coup de vent de l’Esprit de Dieu et que cette Loi a commencé d’entrer dans leur cœur. Isaïe le disait dans la première lecture : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ». Nouvelle : il ne s’agit pas de réparer, de recoller les tables de la Loi, mais de faire du neuf, comme aux jours de la création du monde ; car c’est un nouveau monde qui est ici et maintenant.
Au commencent, il y avait Adam et Eve. Le nouvel Adam est là et l’Eglise, chacun de nous, nous sommes la nouvelle Eve : pécheurs pardonnés. La femme a déjà vécu la Passion, la mort et la voilà ressuscitée. Nous sommes déjà sauvés. Jésus n’a pas encore vécu la Passion ; c’est pour bientôt ; lui aussi sera à terre par trois fois. Mais le psaume nous l’a rappelé : « Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie. Il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence ; il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes. »
Dans un monde tellement bouleversé, ne nous faut-il pas dire et redire que l’avenir est au pardon ; que l’amour sauvera le monde ? Ecoutons François : « Dieu ne se lasse jamais de pardonner. Jamais. Le problème vient de ce que nous, nous nous lassons de demander pardon. Ne nous fatiguons donc jamais, ne nous lassons pas. Il est un Père aimant qui pardonne toujours, dont le cœur est miséricordieux envers nous tous. Apprenons donc, nous aussi, à être miséricordieux avec tous. » Amen
Prions pour nos responsables politiques et pour les décideurs de l’économie. Qu’ils dénoncent toutes formes de discriminations et qu’ils viennent en aide aux plus fragiles. Ô Christ, viens à notre aide.
Prions pour les personnes qui se sentent rejetées, exclues, pétries
de honte et de culpabilité. Qu’elles découvrent, à travers le Christ, un chemin d’espérance et de libération. Ô Christ, sois chemin de vie.
Prions pour notre communauté rassemblée en ce dimanche de Carême. Que chacun ait à cœur d’aller vers les personnes marginalisées ou qui traversent de grandes difficultés. Ô Christ, ouvre nos cœurs.
Tournons nos regards vers le Père qui a créé ce monde ; monde que nous déréglons si souvent en ne le respectant pas : Notre Père …
Et que Marie, la Vierge des Pauvres, Notre-Dame des sinistrés, soit aujourd’hui encore source de compassion : Je vous salue Marie …
Avec quelle(s) personne(s) puis-je me réconcilier ?
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