Accéder au contenu principal

 

Samedi de la 32ème semaine du Temps de l'Eglise


 Mettons-nous en  présence de Dieu : Dieu, viens à mon aide ;  Seigneur, à notre secours !

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Aujourd’hui, l’Évangile nous donne une clé précieuse pour tenir jusqu’au bout.  Car la retraite n’est pas finie, loin de là.  Et cette clé, c’est la parole de l’évangile : « prier sans se lasser. » Car l’’espérance et la prière sont comme deux battements d’un même cœur. Celui qui espère prie, et celui qui prie apprend à espérer.
Jésus, par la parabole de la veuve et du juge, nous invite à une espérance persévérante, qui ne renonce pas, même quand Dieu semble se taire.  Semble, puisqu’il n’arrête pas de nous parler.  Mais il nous faut durer pour apprendre à l’entendre.

La Sagesse que nous écoutons une dernière fois ce matin, nous invite à accueillir le silence comme une visitation de Dieu.  Comme Marie a visité Élisabeth, ainsi le Seigneur nous visite, mais dans le silence.  Écoutez : « Un silence paisible enveloppait toute chose, et la nuit était au milieu de sa course. » Cette phrase est une des plus belles de toute la Bible. Elle parle de la nuit où Dieu agit — non pas dans le bruit, mais dans un silence paisible. Le peuple d’Israël s’apprêtait à être délivré, et Dieu est venu discrètement, comme une brise dans la nuit. Pendant cette retraite, nous vivons ce même mystère : Dieu agit, mais souvent sans bruit. Il visite nos cœurs dans le silence, parfois à notre insu. C’est dans la nuit que mûrit l’espérance.

Cet évangile déroutant pour des gens qui ont appris à être poli : Prier dans la confiance du cœur. « Il faut toujours prier sans se décourager. » Quelle femme que cette veuve.  Elle n’arrête pas, elle ne se fatigue pas ; c’est le juge qui va se fatiguer. Elle ne se lasse pas de frapper à la porte du juge. Et Jésus nous dit : « Dieu ne ferait-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? »
Mais attention : la prière persévérante ne cherche pas à forcer Dieu, mais à demeurer en sa présence. Pendant la retraite, cette prière prend souvent la forme d’un simple élan intérieur : « Seigneur, je suis là. » Pas besoin de plus.  Rappelez-vous : pas besoin de rabâcher comme les païens. La persévérance dans la prière, c’est la forme la plus pure de l’espérance.

Et enfin cette parole dans le style apocalyptique : « Demeurer fidèle jusqu’à la lumière ». « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Cette question de Jésus est une interpellation : l’espérance se mesure dans la durée. La foi du moment est facile, a fortiori peut-être dans une retraite.  Mais cest la foi – et donc l’espérance - qui tient dans la nuit qui est importante. Mais ne l’oublions pas non plus : elle est un don de l’Esprit. Dieu ne demande pas une prière parfaite, mais une fidélité du cœur. Et cette fidélité devient lumière : petit à petit, le silence s’illumine, la paix s’installe, la confiance grandit. L’espérance, alors, n’est plus seulement un mot : elle devient un souffle intérieur, une respiration avec Dieu. Tenir bon dans la prière, même pauvre, c’est déjà croire que Dieu vient.

Aujourd’hui, dans ce dernier jour de silence, nous pouvons dire : « Seigneur, je ne vois pas encore, mais je crois. Je ne comprends pas toujours, mais je te fais confiance. » Et cette prière suffit. Car l’espérance véritable, c’est de rester tourné vers Dieu, même dans la nuit, sûr que l’aube viendra.

 R/ Seigneur, apprends-nous à prier avec persévérance et espérance.

Pour l’Église, afin qu’elle garde vivante la prière du cœur au milieu des épreuves du monde, 

Pour ceux qui se sentent abandonnés ou épuisés, que leur cri devienne lieu de rencontre avec Dieu, 

Pour nous, retraitants, que le silence creuse en nous une foi confiante et une espérance patiente, 

Pour le monde en quête de paix, que l’Esprit inspire la persévérance du bien et du pardon, 

Tournons nos regards vers le Père qui a créé ce monde ; monde que nous déréglons si souvent en ne le respectant pas : Notre Père …


Et que Marie, la Vierge des Pauvres, Notre-Dame des sinistrés, soit aujourd’hui encore source de compassion : Je vous salue Marie …

Aujourd’hui, transformer tout en prière. Une marche, une respiration, un travail, un regard — tout peut devenir prière silencieuse.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

  J'accuse Vous le savez, c’est le titre d’un article d’Émile Zola au cours de l’affaire Dreyfus en 1898.  Mais, ce n’est pas du tout mon cas, je voulais juste attirer votre attention.  Visiblement, si vous me lisez, c’est que j’ai réussi ! Accuser. Je laisserai ce soin à d’autres, dans et hors de l’Église, qui ne s’en sont pas privés.  Pour ma part, je veux simplement m’interroger et interroger ?  Qui suis-je ?  Ni un grand théologien, ni un juriste, ni un philosophe …  Je suis simplement un prêtre, mais bien plus que cela, je suis, comme tout baptisé, un membre du Peuple de Dieu, autrement dit un chrétien.  Je ne suis porte-parole … que de moi-même. C’est en raison de ma dignité de baptisé que j’écris ces quelques lignes. Pour ma part, je suis pleinement dans l’Église, avec ses grandeurs et ses bassesses car elles sont mes grandeurs et mes bassesses et il serait par trop facile de m’en distancier lorsqu’elle ne montre pas la beauté que l’on atte...
  Saints Pierre et Paul   Mettons-nous en    présence de Dieu :   Dieu, viens à mon aide ;   Seigneur, à notre secours ! En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur l...
  Attaque      Un méchant virus - ni covid, ni grippe - s’est attaqué scandaleusement à moi : fièvre, toux, …  Bref, plus de méditations cette semaine. Pierre