Lundi de la 3^ème semaine

du Temps de l’Église

 Mettons-nous en présence de Dieu : Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, à notre secours !

 En ce temps-là, les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Ce Jésus est possédé par Béelzéboul ; c’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. » Les appelant près de lui, Jésus leur dit en parabole : « Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir ; c’en est fini de lui. Mais personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, s’il ne l’a d’abord ligoté. Alors seulement il pillera sa maison. Amen, je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés. Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. » Jésus parla ainsi parce qu’ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. »               

Toute cette semaine, j’anime une retraite au Foyer de Charité de La Flatière.  Les méditations du jour reprennent les diverses homélies des eucharisties de la retraite. 

        Avouez que l’on peut rêver mieux pour commencer une semaine de retraite que l’évangile de ce jour.  Et pourtant,, au-delà d’un langage qui ne nous est plus familier, c’est, comme toujours, une Bonne Nouvelle que le Seigneur nous donne : C’en est fini de Satan, c’est la fin du mal dans le monde.  Et ce n’est pas une illusion, encore moins la méthode Coué ; le texte est formel, vous l’avez entendu : Jésus est celui qui ligote l’homme fort – le Malin – et qui pille sa maison.  On nous dit qu’un  cambriolage dure environ 7 minutes.  Mais la maison dont on nous parle ici est bien remplie.  Il suffit d’ouvrir les yeux et depuis un an, juste à côté de chez nous avec le conflit en Ukraine, pour constater que le Seigneur a du travail ; il suffit de regarder notre Église bousculée par tant de scandales pour voir que de fait, la maison est loin d’être encore pillée …  Mais une chose est certaine : il est déjà dans la maison et il pille les biens de l’ennemi.  La victoire du Bien sur le Mal est déjà là … et en même temps, elle n’est pas encore là.  Le thème de cette retraite nous le dit : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime ».  Nous y reviendrons au cours de cette retraite, mais le Seigneur dit cela par le prophète Isaïe au moment où plus rien ne va pour le peuple de Dieu.  C’est donc à la foi et à l’espérance qu’il les appelle ; c’est donc à la foi et à l’espérance qu’il nous appelle et qu’il appelle l’Église et le monde aujourd’hui.    

        La lettre aux Hébreux nous le dit d’une façon encore plus forte : « c’est fait une fois pour toutes ».  Ce n’est pas le livre le plus facile de la Bible, mais il dit ceci en résumé.  Avant, les grands-prêtres devaient recommencer sans cesse les offrandes et en plus, ça ne marchait pas vraiment.  Jésus lui, est le Grand-prêtre par excellence, et son sacrifice – sa mort par amour – a été fait une fois pour toutes.  Et ça change tout.  Contrairement à ce que l’on dit couramment, il ne faut pas recommencer sans cesse à vaincre le mal dans le monde ; il ne faut pas recommencer, mais continuer. Recommencer, ça veut dire qu’on revient au point de départ, qu’on redémarre à zéro ; pour reprendre l’image de l’évangile, qu’il faut ligoter le Malin qui est parvenu à se détacher.  Et bien non ; il est ligoté une fois pour toutes, Jésus est dans sa maison, il faut continuer de la vider ; et nous avons à la vider avec lui ; mais le plus gros du travail est déjà fait. Je viens de Liège où nous avons eu les derniers jours de la neige comme nous n’en avions plus eu depuis tellement longtemps et toute le département – pour parler Français – a été paralysé.  Pourquoi, parce que les chasse-neige ne pouvaient pas passer.  Alors, même si on jetait du sel, rien ne se faisait puisqu’il agit lorsqu’il y a du passage.  Le chasse-neige, c’est le Seigneur.  Il fait le plus gros du travail.  Ensuite, on jette du sel et c’est à force de passer et de passer encore en voiture sur ce sol déjà bien déneigé et salé que petit à petit, tout va fondre.  La neige enlevée par le chasse-neige ne va pas retomber sur la route, mais il faut encore beaucoup de temps pour retrouver la couleur du tarmac et il faut que nous passions et que nous passions encore, nous les voitures, pour que le sel agisse.  Mais nous continuons de dire que le Seigneur a dégagé les routes puisque nous avons du prix à ses yeux et qu’il nous aime. 

        Et enfin, le psaume que nous avons chanté est un peu une clé de lecture.  Il ne dit pas : « Le Seigneur va faire connaître sa victoire ».  Non, il dit : « Le Seigneur a fait connaître sa victoire ».  C’est pour cela que les chrétiens, avec le psaume, peuvent « Jouez pour le Seigneur sur la cithare, sur la cithare et tous les instruments. »  La joie chrétienne est tout sauf une joie béate, qui nous ferait oublier la réalité.  Nous venons ici, tous, j’en suis sûr, porteurs de tant de neige et de routes glissantes.  Mais nous avons besoin de ce temps pour nous redire que toi Seigneur, tu es passé avec le chasse-neige.  Et cette joie, c’est de l’espérance qui nous dit que ce que tu as commencé, va continuer toujours un peu plus, au-delà des apparences.  Et à la fin de la semaine, nos voitures seront remises en état pour que nous fassions agir le sel au cœur du monde, de notre paroisse, de notre quartier, de nos familles.  Amen  

  Au matin de ce nouveau jour, prions le Christ Seigneur :

 

R/ Exauce-nous, Seigneur.

 

Jésus Christ, Premier-né avant toute créature,

éveille nos sens à la beauté de ton œuvre.

 

Jésus Christ, Lumière qui se lève sur le monde,

découvre à notre esprit tes volontés.

 

Jésus Christ, Fils bien-aimé du Père,

inspire-nous l’amour filial et fraternel.

 

Jésus Christ, Source jaillissante de vie,

féconde le travail de ce jour.

 

Jésus Christ, Ami des pauvres et des petits,

rends-nous attentifs à leur appel.

 

Tournons nos regards vers le Père qui a créé ce monde ; monde que nous déréglons si souvent en ne le respectant pas : Notre Père … 

Et que Marie, la Vierge des Pauvres, Notre-Dame des sinistrés, soit aujourd’hui encore source de compassion : Je vous salue Marie …

 L’Abbé Pierre rejoignait le Père il y a 15 ans. Je peux me renseigner sur les communautés Emmaüs près de chez moi.