Sainte Scholastique
Après la fille de la syro-phénicienne hier, nous voici toujours en territoire païen. Cette fois-ci, ce n’est plus une femme qui vient pour la chair de sa chair, mais ‘des gens’ qui amènent un sourd parlant difficilement. Le cercle semble s’élargir : du plus proche au plus lointain, mais en même temps chez l’une et chez ceux-ci le même souci du mal autour de soi, proche ou plus lointain. C’est cela un chrétien : il a souci du mal juste à côté de lui mais aussi du mal au loin ; des victimes des inondations ou des réfugiés chez nous et en même temps, les drames de la Turquie, de la Syrie, de l’Inde. Nous devons toujours maintenit en nous ce binôme : « ici et là, proche et lointain ». Si nous ne travaillons qu’ici, nous oublions que notre mission est « pour le salut du monde » ; si nous ne travaillons qu’au loin, nous finirons par croire que chez nous tout va bien.
Jésus pose des gestes, lève les yeux, soupire et parle. Il pose des gestes concrets : c’est le principe même de son humanité. Ces gestes étaient d’ailleurs assez courants chez les guérisseurs. Jésus s’est fait homme au milieu des hommes. Et parce qu’il a pris un corps, il se sert de ce corps comme instrument de la guérison. Nous le savons bien : c’est par notre corps, à travers celui-ci que nous pouvons contribuer à sauver l’humanité, par des gestes concrets, tout simples. Mais, à la différence des guérisseurs, en même temps qu’il pose des gestes concrets, en même temps, il a les yeux tournés vers le ciel. Sa force ne vient pas d’un don naturel, mais de son Père. Et de nouveau, cela rappelle la mission des chrétiens : nous agissons par la force d’un autre ; par la force de l’Esprit que nous avons reçu à notre baptême ; c’est la force du Seigneur qui se déploie à travers notre faiblesse. Et donc, nous n’avons pas peur d’être petits et faibles, puisque c’est lui qui est notre force.
Il soupire,
littéralement, il gémit. Il fait sienne
les gémissements de notre monde qui souffre.
La souffrance du monde n’esdt pas extérieure au Seigneur, elle fait
corps avec lui. C’est ce qu’on appelle
littéralement la sym-pathie - en grec, souffrir avec - Dieu n’aide pas ‘d’en-haut’, mais la
souffrance le touche jusque dans son être-même ; c’est la belle expression
biblique : il est remué dans ses entrailles. Je suis sûr que la majorité d’entre nous va
faire un geste concret pour nos frères et sœurs de Turquie et de Syrie ; c’est
merveilleux … mais comme chrétien, nous devons aussi souffrir dans notre cœur de
leur situation.
Enfin, il dit une phrase, un mot : ‘Effata’, ‘Ouvre-toi’. Mais on vient de nous dire qu’il était sourd … Étrange, non ? Il a donc dû lire sur les lèvres de Jésus. Quelle splendide image !!! Si je veux entendre le Seigneur me parler, moi qui suis sourd, je dois apprendre à lire sur ses lèvres … et je ne peux lire sur ses lèvres que si je le regarde. Dieu ne peut agir dans ma vie que si j’accepte un vis-à-vis avec lui. Il me regarde et ne cesse de me regarder, c’est sûr ; mais encore faut-il que je le regarde me regarder. Amen.
R/ Béni sois-tu, ô Christ, notre
Sauveur !
Du ciel, tu es descendu comme la lumière.
De Marie, tu es né comme le germe divin.
De la croix, tu es tombé comme le fruit.
Au ciel tu es monté, prémices des vivants.
Tu te présentes au Père comme l’offrande parfaite.
Tournons nos regards vers le Père qui a créé ce monde ; monde que nous déréglons si souvent en ne le respectant pas : Notre Père …
Et que Marie, la Vierge des Pauvres, Notre-Dame des
sinistrés, soit aujourd’hui encore source de compassion : Je vous salue
Marie …
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