Mercredi-Saint
Si vous allez au livre de Zacharie, vous trouverez cette parole :
« Si cela vous semble bon, donnez-moi mon salaire, sinon n’en faites rien.
Ils pesèrent mon salaire : trente pièces d’argent. » Trente pièces
d’argent, comme pour Jésus. Chez
Zacharie, c’est l’histoire d’un berger qui n’en peut plus, qui perd patience
envers ses brebis et que ses brebis finissent par avoir en dégoût et qui, du
coup, rompt l’alliance. Voilà à quoi est
comparé Jésus : il ne nous aime plus et nous ne l’aimons plus. Pauvre Judas et pauvres grands prêtres qui
voient le bon berger comme un mauvais berger, comme un berger mercenaire.
Jésus va plus loin dans ce texte, en rappelant qu’il est berger sans doute,
mais qu’il est aussi la brebis qu’on mène à l’abattoir : on doit préparer
le repas pascal. On doit trouver une
salle, il faut tout préparer, mais pas besoin de préparer l’agneau ; c’est
Jésus lui-même qui l’est : « l’un de vous va me livrer ». Sans doute, c’est Judas, mais c’est étrange
que tous se demandent : « Serait-ce moi ? » S’ils posent la question, c’est qu’ils
peuvent envisager chacun aussi le fait de pouvoir livrer Jésus. On a beau se donner entièrement au
maître ; rien n’est jamais acquis, rien n’est jamais définitivement
acquis : Judas trahit sans doute, mais Pierre va renier et au pied de la
croix, il ne restera que Jean ; les autres ont courageusement pris la
poudre d’escampette.
Il est le Berger, il est l’Agneau, il est l’homme libre. Il pourrait s’enfuir ; il a tout le
temps de le faire. Isaïe le préfigurait
déjà dans le chant du serviteur souffrant : « Je ne me suis pas
révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me
frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché
ma face devant les outrages et les crachats. » S’il s’était enfui, il serait libre sans
doute, mais esclave profondément. Voici
qu’il va devenir esclave, mais d’une liberté absolue. Dans « Crime et châtiment » de
Dostoïevski, c’est au moment où Raskolnikov avoue son meurtre et est arrêté
qu’il est enfin libre ; « La vérité vous rendra libre », dit
l’apôtre. C’est au moment où Jésus
accepte d’être arrêté, lui qui n’a rien fait, qu’il devient lui aussi l’homme
le plus libre qui soit. Amen
R/ Sauve-nous par ton amour.
Jésus que l’on a bafoué sans raison,
prends pitié de ceux dont l’amour est trahi.
Jésus que l’amour du Royaume a perdu,
prends pitié de ceux que l’on met en prison.
Jésus qui n’as pas trouvé de consolateur,
prends pitié de ceux qui sont affligés.
Jésus que l’on abreuva de vinaigre,
prends pitié de ceux qui souffrent pour la justice.
Jésus humilié par les hommes, sauvé par Dieu,
sois la joie et la fête des pauvres.
Tournons nos regards vers le Père qui a créé ce
monde ; monde que nous déréglons si souvent en ne le respectant pas : Notre
Père …
Et que Marie, la Vierge des
Pauvres, Notre-Dame des sinistrés, soit aujourd’hui encore source de
compassion : Je vous salue
Marie …
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