Sainte Monique
Mettons-nous en présence de Dieu : Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, à notre secours !
Nous sommes à la fin du IVème siècle, en Afrique du Nord ; cette Afrique du Nord presque totalement déchristianisée et islamisée aujourd’hui, qui était à l’époque un véritable nid de chrétiens et de saints. Monique provient d’une famille chrétienne. Mariée à un païen qui recevra le baptême peu avant de mourir, elle est la maman de plusieurs enfants dont Augustin, le futur évêque d’Hippone que nous fêterons demain. Celui-ci n’est pas baptisé, ce qui est coutume à l’époque. Il aura une vie très dissolue, ayant un enfant avec une concubine et s’orientant vers la religion manichéenne qui met sur le Même pied le Bien et le Mal.
Quelle fut « l’arme » de Monique : elle pleura. Comme le dira Augustin dans ses Confessions : « elle le pleura avec plus de larmes que d’autres mères n’en répandent sur un cercueil ». Cela peut paraître désuet et eau-de-rose aujourd’hui dans notre monde géré par l’efficacité. Et pourtant, n’est-ce pas la dernière arme lorsqu’on n’en a plus aucune autre. Cela ne s’appelle-t-il pas tout simplement la compassion ? Monique, comme toutes les mères, désire le meilleur pour son fils, elle espère plus que tout qu’il soit heureux. Et, elle constate qu’il ne peut être heureux ainsi. Mais il n’y avait qu’Augustin lui-même qui pouvait choisir la voie de la vie et du bonheur. On ne peut forcer personne au bonheur … sinon, ce n’est plus le bonheur. La seule chose qu’elle puisse faire est de compatir, de souffrir-avec, de pleurer pour ce fils qui choisit la voie de la mort et du malheur. C’est une grande leçon pour nous et notre regard sur notre monde. Pleurons-nous assez pour nos frères et sœurs, nombreux, de par le monde, qui choisissent la voie de la mort ? Ou disons-nous simplement : « C’est leur choix, je n’y suis pour rien : qu’ils assument ». Si tel était le cas, l’Église n’enverrait jamais d’aumôniers dans les prisons.
Pleurer pour les autres, c’est aussi se dire que nous sommes d’une même famille, que nous sommes extrêmement proches les uns des autres. On pleure rarement pour des gens que l’on ne connaît pas - hormis quand les médias nous font verser une larme bien vite séchée - . Pleurer, c’est dire à l’autre : « Tu existes, tu as du prix à mes yeux ». Jésus a pleuré la mort de son ami Lazare ; oui, c’était son ami. Il l’aimait d’une manière toute particulière, il était spirituellement chair de sa chair. Cela devrait être très fort pour nous chrétiens. Puisque nous prions le « Notre Père », cela a pour conséquences que nous sommes tous frères et sœurs … La détresse du monde entier devrait nous émouvoir au dernier des points.
Trois enfin. Les larmes de Monique étaient accompagnées d’œuvres, sinon, pas nécessairement pour Augustin, mais pour les autres. C’est encore Augustin qui écrira : « Quand deux âmes étaient en dissentiment et en conflit, elle ne s’employait qu’à rétablir la paix entre elles. Quand, en présence d’une amie, des ressentiments mal digérés se répandaient en acides confidences sur le compte d’une ennemie absente, elle ne rapportait de l’une à l’autre que ce qui pouvait contribuer à les réconcilier. » Cela aussi est important. Je ne peux pas faire grand-chose pour les populations du Moyen-Orient ou d’Ukraine, mais je peux aider les SDF de ma commune. Plutôt que d’avoir des larmes désespérées, mes larmes peuvent me mettre en marche pour changer ce que je peux changer, là où je suis !
R/ Notre Sauveur et notre Dieu !
Réveillés de notre sommeil et relevés d’entre les morts,
nous offrons par toi le sacrifice de louange.
Donne-nous de garder aujourd’hui tes commandements,
en faisant comme toi ce qui plaît au Père.
À chaque heure de ce jour, puissions-nous te bénir :
que nos paroles et nos actes soient ta vraie louange.
Accorde-nous de ne contrister personne aujourd’hui ;
à ceux qui nous rencontrent, fais-nous porter la joie.
Tournons nos regards vers le Père qui a créé ce monde ; monde que nous déréglons si souvent en ne le respectant pas : Notre Père …
Et que Marie, la Vierge des Pauvres, Notre-Dame des sinistrés, soit aujourd’hui encore source de compassion : Je vous salue Marie …
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