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 Lundi de la 2ème semaine de Pâques

depuis le Foyer de Charité d'Ottrot

 Mettons-nous en  présence de Dieu : Dieu, viens à mon aide ;  Seigneur, à notre secours !

Il y avait un homme, un pharisien nommé Nicodème ; c’était un notable parmi les Juifs. Il vint trouver Jésus pendant la nuit. Il lui dit : « Rabbi, nous le savons, c’est de la part de Dieu que tu es venu comme un maître qui enseigne, car personne ne peut accomplir les signes que toi, tu accomplis, si Dieu n’est pas avec lui. » Jésus lui répondit : « Amen, amen, je te le dis : à moins de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume de Dieu. » Nicodème lui répliqua : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère et renaître ? » Jésus répondit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne sois pas étonné si je t’ai dit : il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. »

C’est une retraite toute particulière que nous allons vivre cette semaine.  Nous venons de célébrer les funérailles de notre Pape François et les cardinaux entreront vite en Conclave.  Nous sommes un peu comme dans le temps de l’entre-deux.  Particulière aussi parce que nous la vivons au cœur d’une Année jubilaire, au cœur d’une Année Sainte qui nous invite à être pèlerins d’espérance.  C’est avec tout cela sans doute que nous sommes arrivés ici.  Et donc, le thème de cette retraite « espérer envers et contre tout » est un beau clin d’œil que le Seigneur nous fait.  Et il nous fait un deuxième beau clin d’œil avec l’évangile de ce jour.

Dimanche, comme dans toute retraite en Foyer, nous allons renouveler notre baptême et c’est justement de cela que nous parle Jean.

Jean, vous le savez bien, joué énormément avec les symboles.  Il nous dit tout d’abord que Nicodème vient à Jésus pendant la nuit.  Peut-être par peur des autres pharisiens …  Oui … mais c’est plus fondamental.  Jean dira aussi que lorsque Judas quitte la dernière Cène, il « faisait nuit ».  On nous dira aussi qu’à la mort de Jésus, l’obscurité se fit sur toute la terre.  Et bien avant ça, on nous dit, dans le récit de la création, que Dieu a séparé la lumière des ténèbres.  Vivre sans le Seigneur, c’est vivre dans la nuit et si Jésus est venu, c’est justement pour que nous ne soyons plus dans la nuit.  Au baptême, on nous dit que nous sommes passés de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière.  Voilà notre chemin de cette semaine : laisser le Seigneur séparer les ténèbres de la lumière, nous faire passer de la mort à la vie, comme François vient de le vivre d’une façon absolue.  Dans le noir, on ne connaît pas la route et l’on risque de trébucher ; mais le Seigneur se dévoile à nous comme le Chemin.
C’est dans le noir que nous vivons dans la trahison et le mensonge ; mais le Seigneur se dévoile à nous comme la Vérité.
C’est dans l’obscurité que se trouvent nos tombeaux ; mais le Seigneur se dévoile à nous comme la Vie.
« Je suis et le chemin et la vérité et la vie »

Et c’est cela aussi naître : passer de l’obscurité du ventre maternel à la lumière du jour.  Mais là aussi, nous devons aller plus loin.  L’enfant est bien dans le sein maternel, mais il est tellement limité.  Pas de lumière, pas beaucoup de mobilité, pas d’indépendance adulte.  Mais le Seigneur veut nous faire grandir sans cesse et nous donner la liberté des enfants de Dieu. Le Seigneur ne veut pas que nous restions en position fœtale.  Vous connaissez cette phrase tellement connue d’Irénée de Lyon : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu ».  Dieu est tellement heureux, glorifié, lorsque nous sommes des vivants, des femmes et des hommes libres.  Et comment sommes-nous des hommes et des femmes libres ?  Simplement, dit Irénée, en voyant Dieu.  Et c’est cela aussi que nous vivons dans une retraite.  Nous allons apprendre encore plus à voir Dieu : à le voir dans sa création ici, à le voir dans sa Parole et dans celle de l’Eglise, à le voir dans les sacrements et en particulier dans celui de l’eucharistie.

Et pour cela, il nous faut accepter que l’Esprit fasse irruption dans notre vie ; cet Esprit que nous avons reçu à notre baptême et à notre Confirmation mais que nous devons sans cesse ranimer, revivifier en nous.  La première lecture nous disait le moyen, je dirais presque le truc infaillible : « Donne à ceux qui te servent de dire ta parole avec une totale assurance. Étends donc ta main pour que se produisent guérisons, signes et prodiges, par le nom de Jésus, ton Saint, ton Serviteur. »  Autrement dit, et c’est tellement simple : en le lui demandant.  Avouez qu’on peut difficilement faire plus simple et en même temps, nous aimons tellement nous débrouiller tout seul.  Cela s’appelle l’orgueil …  Je peux m’en sortir tout seul ; autrement dit, c’est moi qui suis Dieu, c’est moi qui suis le Saint Esprit.  Alors qu’ils vivent la première persécution ; alors surtout qu’ils ont vu leur faiblesse lors de la Passion du Seigneur, les Apôtres découvrent qu’ils n’y arrivent pas.  Ils mettent le Seigneur dans le coup et « ils furent tous remplis de l’Esprit Saint » nous disent les Actes.  Ce sera sans doute la partie la plus difficile de notre retraite : accepter de lâcher le gouvernail et laisser le Seigneur guider la barque de nos existences.

Mais nous voulons espérer envers et contre tout.  Dans ce monde tellement bousculé, dans mon monde personnel tellement chahuté, j’espère en ta bonté Seigneur, je sais qu’en toi tout est possible.  Je vous relis la fin du psaume :
« Il m’a dit : « Tu es mon fils ;
moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.
Demande, et je te donne en héritage les nations,
pour domaine la terre tout entière.
Tu les détruiras de ton sceptre de fer,
tu les briseras comme un vase de potier. »              

 Bénissons le Père tout-puissant qui nous relève en son Fils !

Pour la gloire du Ressuscité qui rayonne sur le monde,

R/ Béni sois-tu !

Pour la lumière de la foi qui pénètre nos cœurs,

Pour l’avenir où tu nous engages avec toi,

Pour le chemin de l’éternité ouvert à tous les hommes,

Pour l’Esprit répandu sur toutes les nations,

Pour l’amour qui transforme le monde,

Tournons nos regards vers le Père qui a créé ce monde ; monde que nous déréglons si souvent en ne le respectant pas : Notre Père …

Et que Marie, la Vierge des Pauvres, Notre-Dame des sinistrés, soit aujourd’hui encore source de compassion : Je vous salue Marie …

Nicodème a osé aller trouver Jésus pour l’interroger. Et moi, y a-t-il quelque chose que je souhaite confier au Christ dans ma prière aujourd’hui ?

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