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22ème dimanche du Temps de l'Église C



 Mettons-nous en  présence de Dieu : Dieu, viens à mon aide ;  Seigneur, à notre secours !

Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et ces derniers l’observaient. Jésus dit une parabole aux invités lorsqu’il remarqua comment ils choisissaient les premières places, et il leur dit : « Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : “Cède-lui ta place” ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : “Mon ami, avance plus haut”, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi. En effet, quiconque s’élève 
sera abaissé ; et qui s’abaisse sera élevé. » Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour. Au contraire, quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

La semaine dernière, je participais à un repas de mariage. Vous le savez, dans ce genre de fête, les places sont comptées : certains sont à la table d’honneur, d’autres plus loin, parfois même relégués près de la porte de la cuisine. Moi, j’avais eu droit à une place de choix – après tout, un chanoine, ce n’est pas rien ! Et j’ai eu la joie de passer tout le repas à côté de la maman de la mariée.

Mais voilà que, de retour, j’ouvre mon missel pour préparer les lectures de ce dimanche. Et patatras ! Je réalise que, si l’évêque était arrivé à l’improviste, peut-être m’aurait-on déplacé au bout de la salle, près des enfants, avec un simple pain-saucisse en guise de repas. « J’ai tout faux », comme disent les jeunes ! Mais au fond, est-ce vraiment cela que l’Évangile veut nous dire ? Bien sûr que non…

Jésus nous parle aujourd’hui d’humilité. Or ce mot « humilité »  vient du latin humus, qui signifie « terre ». Être humble, c’est se souvenir que nous sommes faits de terre, comme Adam au commencement. Quand je joue à me croire « céleste », quand je me glorifie moi-même, le risque est grand de tomber, et de tomber de très haut. C’est ce qui est arrivé au couple de la Genèse, c’est ce qui est arrivé aux bâtisseurs de la tour de Babel. Vouloir prendre la place de Dieu, vouloir se hausser trop haut, cela finit toujours par une chute.

Être un « homme de terre », ce n’est donc pas se rabaisser artificiellement, ni se complaire dans une forme de misérabilisme. C’est reconnaître que seul le Seigneur peut me rendre vraiment « céleste ». C’est son Esprit, c’est l’incarnation de son Fils, qui transforment ma pauvreté en gloire. Sans doute je ne suis pas très brillant, mais le Christ me dit : « Ma gloire habite en toi ». Et cela change tout !

Chaque Eucharistie nous le rappelle. À chaque messe, le Seigneur me donne son Corps pour que je devienne ce que je reçois : son propre Corps. Quelle gloire ! Mais comment pourrait-il me donner sa gloire si j’ai déjà placé la mienne trop haut ? L’humilité, ce n’est donc pas de la fausse modestie, ni un masque pieux. C’est simplement l’ouverture qui permet à Dieu de remplir ce qui est vide.

Et Jésus nous révèle aujourd’hui qui est invité à son banquet : les pauvres, les estropiés, les petits. Alors moi, le chanoine, qu’est-ce-que je fais ? Si je ne me reconnais pas estropié, pauvre ou petit, je risque bien d’être scandalisé de ne pas être à la place d’honneur. Mais si j’ai un regard vrai sur moi-même, si je reconnais mes blessures, mes fragilités, alors je me réjouis d’être invité sans aucun mérite, gratuitement, par amour.

Rappelez-vous cette autre parabole : tout ce qui est demandé, c’est de revêtir le vêtement de noce, c’est-à-dire d’ouvrir son cœur à la joie de l’Évangile. Ce n’est pas nos mérites qui nous sauvent. Et Dieu merci – au sens fort du terme – l’Église n’est pas une douane où l’on contrôle les passeports spirituels, mais un hôpital de campagne, comme le rappellait souvent le pape François.

Alors la question est pour nous aujourd’hui : nos paroisses, nos communautés, nos groupes chrétiens, ressemblent-ils vraiment à un hôpital de campagne ? Savons-nous accueillir ceux qui viennent avec leurs blessures, leurs pauvretés, leurs estropiements de la vie ?

Jésus est allé encore plus loin. Il n’a pas seulement accueilli les pauvres, il s’est fait pauvre lui-même. Lui, le Seigneur et le Maître, s’est mis à genoux pour laver les pieds de ses disciples. Voilà l’exemple qu’il nous a donné : des pauvres qui se mettent à genoux devant d’autres pauvres.

Frères et sœurs, c’est là que se trouve la vraie grandeur : non pas dans les places d’honneur, non pas dans la gloire que nous nous fabriquons, mais dans cette humilité qui ouvre à l’amour. C’est là que Dieu nous attend. Et c’est là qu’il nous élève vraiment.

Alors, frères et sœurs, si dimanche prochain vous êtes à un repas et qu’on vous met à la table des enfants avec un pain-saucisse… ne soyez pas déçus ! Dites-vous simplement que vous êtes assis à la meilleure table pour entrer au Royaume. Et puis… entre nous, à la table des enfants, on rigole souvent beaucoup plus !

Pour ceux qui portent ton Église, Seigneur :
le pape, les évêques, les prêtres et les diacres,
pour les visages discrets de la pastorale,
pour tant de mains offertes dans le service caché…
Nous te prions.
Qu’ils demeurent humbles devant toi,
et serviteurs de leurs frères et sœurs.

Pour ceux qui enseignent et font grandir :
les éducateurs aux premiers pas,
ceux qui s’élancent pleins d’élan,
et ceux que la fatigue atteint au soir de leur carrière…
Nous te prions, Seigneur.
Que leur mission reste source de joie
auprès des enfants et des jeunes confiés à leurs soins.

Pour ceux qui n’ont pas connu le repos de l’été,
pour ceux qui restent au bord des routes,
oubliés des partages et des fêtes…
Nous te prions, Seigneur.
Qu’ils trouvent place dans notre société,
dans nos villes, nos quartiers, nos maisons,
et surtout dans nos cœurs.

Pour notre communauté rassemblée après le temps des vacances,
nous te prions, Seigneur.
Que ton souffle lui donne force et unité,
afin qu’elle rayonne de ton amour
au milieu du monde d’aujourd’hui.
Pour sa joie au matin de Pâques, et parce qu’elle est notre mère.

Tournons nos regards vers le Père qui a créé ce monde ; monde que nous déréglons si souvent en ne le respectant pas : Notre Père …

Et que Marie, la Vierge des Pauvres, Notre-Dame des sinistrés, soit aujourd’hui encore source de compassion : Je vous salue Marie …

 Quelle différence fais-je entre humilité et modestie ?
 Quels moyens puis-je prendre pour vivre la vertu de l’humilité 
au quotidien ?
 La sagesse africaine dit : « On connaît l’humilité d’un homme 
dans son élévation, et sa patience dans l’adversité. »  
Comment est-ce que je comprends ce proverbe ?

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