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Vendredi de la 1ère semaine de l'Avent

 Mettons-nous en  présence de Dieu : Dieu, viens à mon aide ;  Seigneur, à notre secours !

En ce temps-là, Jésus était en route ; deux aveugles le suivirent, en criant : « Prends pitié de nous, fils de David ! » Quand il fut entré dans la maison, les aveugles s’approchèrent de lui, et Jésus leur dit : « Croyez-vous que je peux faire cela ? » Ils lui répondirent : « Oui, Seigneur. » Alors il leur toucha les yeux, en disant : « Que tout se passe pour vous selon votre foi ! » Leurs yeux s’ouvrirent, et Jésus leur dit avec fermeté : « Attention ! que personne ne le sache ! » Mais, une fois sortis, ils parlèrent de lui dans toute la région.

Lorsqu’on entre dans une pièce sombre, il faut parfois plusieurs minutes avant de distinguer quoi que ce soit… mais quand quelqu’un allume la lumière, tout devient simple. Aujourd’hui, l’Évangile nous parle justement d’histoires de lumière, de regard, et d’ouverture des yeux. Et bonne nouvelle : aucun changement d’ampoule n’est nécessaire… seulement un peu de foi !

Deux aveugles suivent Jésus en criant : « Prends pitié de nous, Fils de David ! » Jésus ne les guérit pas tout de suite. Il leur pose une question, simple mais décisive : « Croyez-vous que je peux faire cela ? » C’est la question de l’Avent par excellence. Non pas : « Êtes-vous parfaits ? Êtes-vous prêts ? » Mais : Crois-tu que Dieu peut agir dans ta vie ? Crois-tu qu’il peut ouvrir ce qui est fermé, éclairer ce qui est obscur, relever ce qui est blessé ? Le miracle ne commence pas par un geste spectaculaire, mais par un simple « Oui, Seigneur » murmuré dans l’ombre.

La première lecture d’Isaïe est un souffle d’espérance magnifique : des terres stériles deviennent fertiles, les sourds entendent, les aveugles voient, les humbles se réjouissent… Isaïe parle d’un monde transfiguré. Non pas un monde où les difficultés disparaissent, mais un monde où Dieu rend possible ce qui semblait impossible. L’Avent nous rappelle ceci : nous ne croyons pas en un Dieu qui maquille la réalité, mais en un Dieu qui transforme la réalité. Et dans la nôtre, il y a sûrement quelque chose qui attend encore une lumière, une guérison, un changement.

Le psaume proclame : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut. » L’Avent devient alors un temps d’illumination. La théologie de la vision traverse toute la liturgie de l’Avent : voir Dieu, voir son œuvre, voir son Royaume déjà à l’œuvre dans le monde.

Revenons à l’Évangile. Après avoir ouvert les yeux de ces deux hommes, Jésus leur demande de ne rien dire. Ce silence demandé peut nous surprendre : pourquoi taire une telle grâce ? Mais dans l’Évangile de Matthieu, ce silence n’est jamais une contradiction : il révèle le mystère du Messie qui ne veut pas être réduit à un guérisseur spectaculaire ou à un thaumaturge populaire. Le Christ veut que la foi naisse de la rencontre, pas de l’agitation. Il veut que l’on découvre sa personne à travers sa parole, à travers son chemin vers la croix, et non à travers un catalogue de miracles ou un enthousiasme superficiel. Le « secret messianique » est la pédagogie par laquelle Jésus nous apprend que sa puissance s’identifie à son amour, et que son identité se révèle pleinement dans le don de sa vie.
Mais voilà : même si Jésus leur demande le silence, ils proclament ce qui leur est arrivé. Et ce n’est pas du bavardage ; c’est la logique même de la grâce. Lorsqu’une lumière authentique touche l’être humain jusqu’au cœur, lorsqu’elle ouvre les yeux — non seulement les yeux du corps mais ceux du cœur — elle tend naturellement vers la communication. La théologie a toujours reconnu cette dynamique : gratia est diffusiva sui — la grâce tend par nature à se répandre. Autrement dit : une lumière qui convertit ne peut pas rester enfermée. La Bonne Nouvelle n’est pas un trésor que l’on garde, mais une réalité qui se manifeste par surabondance. Et ces deux hommes deviennent ainsi, malgré eux, des témoins pas encore formés mais déjà enthousiastes, figures de l’Église naissante qui proclame ce que Dieu fait par pure miséricorde. En un sens, ils annoncent déjà ce que sera la mission apostolique : non pas imposer, mais rendre compte de ce que Dieu a fait, laisser la lumière circuler.

 Pour que l’Église, éclairée par la lumière du Christ, sache redonner espérance à ceux qui marchent dans la nuit et ouvrir leur regard à la présence de Dieu. Seigneur, nous t’en prions.

Pour que les responsables politiques cherchent la paix, la justice et la vérité, et que la lumière de Dieu dissipe les ténèbres de la violence. Seigneur, nous t’en prions.

Pour les malades, les personnes âgées, les prisonniers, les découragés : que la parole du Christ ouvre pour eux un chemin de guérison et de consolation. Seigneur, nous t’en prions.

Pour que, comme les deux aveugles guéris, nous sachions reconnaître la lumière que Dieu fait naître en nous et la partager avec joie autour de nous.

Tournons nos regards vers le Père qui a créé ce monde ; monde que nous déréglons si souvent en ne le respectant pas : Notre Père …


Et que Marie, la Vierge des Pauvres, Notre-Dame des sinistrés, soit aujourd’hui encore source de compassion : Je vous salue Marie …

Poser aujourd’hui un acte de lumière : une parole qui relève, un pardon offert, une attention à quelqu’un qui traverse l’ombre. Devenir pour un instant le reflet du Christ qui illumine.

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